Premier recteur laïc de l’UCL (1986-1995), le professeur Pierre Macq est décédé le 17 septembre 2013, à l’âge de 83 ans.
Lauréat du prix Francqui (1973) pour ses travaux en physique nucléaire, mélomane passionné, chrétien épris de libre pensée, Pierre Macq était un véritable humaniste et un homme de solidarité, membre d’Amnesty International, et n’hésitant pas à parcourir l’Afrique – avant et après sa retraite - pour partager son savoir. Avec Jean Hallet, lui aussi homme de solidarité, et président durant son rectorat du CA de l’UCL, il formait une équipe à nulle autre pareille pour laquelle le mot «université» et le mot «chrétien» étaient plus qu’un badge.
Il convient pour nous de garder tout particulièrement mémoire de Pierre Macq. En effet, c’est grâce à son aide - sa complicité - et avec celle de Jean Hallet, qu’en 1994 l’Association des Services de Psychiatrie et de Santé mentale de l’UCL a pu voir le jour.
Proche de la retraite, Léon Cassiers avait été élu doyen de la Faculté de Médecine. Durant ces quatre années, il avait délégué la présidence du réseau de psychiatrie et de santé mentale - qu’il avait créé - à ses collaborateurs. Après son mandat de doyen, il était censé reprendre la présidence du réseau pour une ultime année. En fait, ce premier réseau de psychiatrie et de santé mentale de l’UCL était inséparable du charisme, de l’enthousiasme, et de la personne même de «Léon» : c’est sa présence physique en divers conseils d’administration qui faisait lien, projet commun, et fédérait les entités. Mais il rechignait à envisager sa retraite. Tout essai de parler avec lui de «l’après Cassiers» semblait se perdre mollement dans la fumée insistante d’une cigarette. Nous ne lui demandâmes donc pas son avis.
C’est ainsi que le président et la vice-présidente (Muriel Meynckens) de ce qui s’appelait alors le «Conseil de Service» se retrouvèrent à Louvain-la-Neuve à «comploter» - selon ses propres termes - avec Pierre Macq — bientôt rejoint par Jean Hallet. Avec l’aide du service juridique de l’université, le projet d’un réseau de psychiatrie et de santé mentale organiquement lié à l’UCL vit le jour. En quelque sorte, Pierre Macq – contemporain malicieux de Léon durant ses années d’université – nous encouragea à lui faire un enfant dans le dos.
Pendant plusieurs mois, les chefs de service et les délégués des entités fédérées par Léon Cassiers passèrent de longues soirées au Centre Chapelle-aux-Champs pour élaborer la charte organisationnelle et éthique du futur réseau. Philippe Meire proposa qu’on le nomme APSY-UCL : association des services de psychiatrie et de santé mentale de l’UCL. Lorsque «Léon» revint, sa succession était assurée.
Après son décanat, il aurait pu reprendre telle qu’il l’avait laissée la présidence du réseau pour une dernière année. Il n’en fit rien. Beau joueur, il adopta l’enfant. C’est ainsi que le 21 octobre 1994, Pierre Macq, Jean Hallet, et Léon Cassiers signèrent lors d’une séance mémorable la «Charte de l’APSY», et que «Léon» devint le premier président de l’APSY-UCL.
Nous devons beaucoup à Pierre Macq.
Francis Martens