APSY-UCL: Association des services de psychiatrie et de santé mentale de l'UCLouvain

Chers Collègues,

C'est avec une grande tristesse que nous avons appris ce 17 janvier 2014 le décès de Lina Balestrière, psychologue, psychanalyste, directrice et fondatrice du "SSM Le Chien Vert".

Elle fut depuis le début, un pilier de l'APSY UCL, institution à laquelle elle était très attachée.

Nous garderons d'elle, le souvenir d'une collègue brillante, passionnée par son travail, désireuse de transmettre et d'entrainer les autres à élaborer leurs questions.

Elle fut pour beaucoup d'entre nous un modèle d'engagement dans le travail, toujours attentive aux autres, qu'ils soient patients ou collègues.

A sa famille et à ses proches, à ses collègues du Chien Vert, du CFCP et de Chapelle-aux-Champs, nous adressons nos très sincères condoléances et de notre profonde sympathie.

Denis Hers  Président de l'APSY-UCL

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Je suis debout au bord de la plage.
Un voilier passe dans la brise du matin, et part vers l’océan.
Il est la beauté, il est la vie.
Je le regarde jusqu’à ce qu’il disparaisse à l’horizon.
Quelqu’un à mon côté dit : «Il est parti !»
Parti ? Vers où ?
Parti de mon regard, c’est tout !
Son mât est toujours aussi haut,
Sa coque a toujours la force de porter sa charge humaine.
Sa disparition totale de ma vue est en moi, pas en lui.
Et juste au moment où quelqu’un près de moi dit : «Il est parti !»
Il y en a d’autres qui le voyant poindre à l’horizon et venir vers eux s’exclament avec joie : «Le voilà !»
C’est ça la mort !
William Blake, Le voilier

Lina nous a appris à mettre le cap vers la lumière, à ne jamais céder sur la rigueur théorique et clinique. D’elle, nous retiendrons son amour pour la vie et sa créativité. Nous garderons le mouvement de ses mains qui donnait corps à sa pensée avant même qu’elle parle et son accent qui invitait au voyage.

Notre équipe poursuit sa navigation en faisant confiance dans les processus transférentiels, dans la force de la parole et d’une présence engagée. Pour cela, Lina nous a laissé ses cartes et carnets de voyage, assurée que ceux-ci aideraient notre équipe à poursuivre sa route selon son art propre de la navigation.

Nous ne manquerons pas d’évoquer le sel de toutes ces années passées à travailler ensemble, à vivre ensemble, à penser, à rire, à rêver, à réaliser nos rêves, encore et encore, en mémoire de notre chère collègue.

Merci Lina pour cette belle aventure partagée !

Pour l’équipe du Service de Santé Mentale Le Chien Vert, Patricia Baguet, Pascale Gustin, Marie-Christine Meersseman

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Chèr(e)s collègues, chèr(e)s ami(e)s, 

C’est avec tristesse que nous avons appris, mi-janvier, le décès soudain de notre collègue et amie Lina Balestriere. Elle devait, au tout prochain colloque de l’APPPsy, discuter de l’intervention de Dominique Scarfone.
Originaire de l’île d’Ischia, au large ensoleillé de Naples, Lina tenait un cap ferme et sans tapage. Elle était venue parfaire ses études de psychologie en Belgique, à l’UCL. Après son doctorat, elle y était restée — devenant bientôt membre puis présidente de l’École Belge de Psychanalyse, de même que fondatrice et directrice du SSM « Le Chien Vert » (Woluwé). Elle enseignait aussi au Centre de Formation aux Cliniques Psychanalytiques de l’UCL.
Jusqu’il y a quelques mois, Lina était aussi membre du CA de l’APPPsy. Elle avait modéré ses interventions dans l’espace collectif mais se réjouissait d’intervenir prochainement en contrepoint de Dominique Scarfone. Mardi 14 janvier cependant, elle nous écrivait : Je dois renoncer à être discutante au Colloque de APPPsy. (...) J'en suis vraiment triste. C'est un Colloque des plus intéressants et j'ai estime et affection pour Scarfone. Mais je ne peux pas faire autrement. Le réel s'impose lourdement dans ma vie et c'est un travail constant de maintenir la sérénité.

Empêchée d’être parmi nous, Lina souhaitait se voir néanmoins représentée par quelques publications déposées sur la table de livres du colloque. Elle en annonçait la liste pour un prochain courriel ... La vie ne lui en pas donné le temps, mais nous y pourvoirons — n’oubliant surtout pas le beau « Freud et la question des origines » (de boeck, 2008) deux fois réédité, ni le texte de son intervention au précédent colloque de l’APPPsy.
Lors de la dernière rencontre de l’APPPsy (« Psychanalyse, que reste-t-il de nos amours ? », 1999), Lina en effet avait donné un bel exposé  - La féminité : vieux enjeux et nouveaux défis - dont il vaut la peine de rappeler la conclusion on ne peut plus d’actualité. Elle y évoque notamment un ouvrage  essentiel pour la pratique de la psychanalyse - « La mort dans l’âme », 1985 - de son compatriote Gaetano Benedetti, issu lui aussi d’une île - la Sicile - et disparu quelques semaines avant elle :
« ... la psychanalyse s’est désintéressée de ce que communément on appelle l’empathie, quand elle ne s’en est pas méfiée. Pourtant, l’espace contactuel intersubjectif est bien ce sur quoi s’appuie inévitablement la psychanalyse, qu’elle le veuille ou non. Le spectre de la fusion – confusion – de transfert hante encore notre pratique comme notre théorie. Dépasser cette angoisse (mais aussi cette revendication implicite d’un privilège : le malade, c’est l’autre, différent de nous) me paraît la tâche actuelle de la psychanalyse. Joyce Mc Dougall l’a montré à propos des perversions, Aulagnier en parlait à propos des psychoses, alors qu’un autre représentant actuel dans le champ de la psychothérapie des psychoses, Gaetano Benedetti, fait de l’empathie un trouble nodal de la schizophrénie et un pivot essentiel de la réponse thérapeutique possible. Gaetano Benedetti donne cette fine définition de l’empathie : «l’expérience de demeurer, sans confusion possible, soi-même, tout en découvrant des fragments semblables, et à un degré moindre, égaux, chez l’autre. Cette différence dans la ressemblance, cette altérité dans l’interpénétration, cette auto-identité dans la dualité constituent le mode fondamental de l’être homme et relèvent précisément de ce type d’expériences où l’acte d’identification à l’autre est dépourvu de l’angoisse – typiquement schizoïde – d’une perte de sa propre identité.» La psychanalyse des psychoses, des perversions, des problématiques narcissiques... et finalement la psychanalyse tout court est à ce prix : inclure dans la conception de la cure et dans la théorisation de l’appareil psychique ces possibilités identificatoires et accepter d’être par là l’artisan de modalités symboliques spécifiques. Ces modalités convoquent la «mère», dans notre théorie et dans notre espace psychique. »

Ciao Lina !  Ciao Gaetano !  Merci
Francis  Martens 
pour le Bureau de l’APPPsy   
18 janvier 2014

 

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